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La durabilité ne rime pas avec rentabilité pour les distributeurs

« Nos efforts pour proposer davantage de produits durables, faire la promotion de produits sains, ou bannir certains produits nocifs sont rarement payants », écrivent les distributeurs au gouvernement.

La quasi-totalité des enseignes de la grande distribution s’est adressée au gouvernement pour faire part de leurs pistes pour une alimentation plus durable. Un projet freiné par « la forte concurrence » qu’ils ont entre eux.

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« Les distributeurs peuvent beaucoup, mais ils ne peuvent pas tout. » C’est le message adressé par les acteurs de la grande distribution dans une tribune adressée au gouvernement le 12 juin 2025. Auchan, Carrefour, Casino, Groupement Mousquetaires, Coopérative U ont apposé leur signature sur ce document dévoilé par Contexte (site payant). Leclerc faisant cavalier seul n’y figure pas.

Ils y font part de leurs pistes pour élaborer la stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat (Snanc) prévue par la loi Climat et résilience de 2021 et en cours de consultation. Une occasion pour eux de répondre à l’enjeu « d’une rémunération satisfaisante » pour les agriculteurs mais également à celui de la précarité alimentaire, de la limitation des impacts environnementaux de l’alimentation et de l’enrayement de maladies chroniques comme le diabète et l’obésité.

La durabilité ne paye pas

Les distributeurs expliquent tout d’abord qu’il est « difficile » dans « le contexte actuel de déconsommation et de forte concurrence » (qu’ils rencontrent entre eux) de « concilier rentabilité et durabilité ».

« Nos efforts pour proposer davantage de produits durables, faire la promotion de produits sains, ou bannir certains produits nocifs sont rarement payants. Pire, ils sont même parfois synonymes de perte de rentabilité et de parts de marché quand ils sont déconnectés de l’impératif d’un prix accessible aux consommateurs », ajoutent-ils.

Consommer moins de viande mais de la viande française

Ils appellent donc l’État à « fixer un cap et un cadre clairs pour mobiliser » l’ensemble des maillons de la production et de la consommation alimentaire. Parmi les trois pistes exprimées, les distributeurs réclament que « le gouvernement instaure l’affichage environnemental » déjà expérimenté mais pas encore généralisé.

Ils réclament également « des campagnes publiques de sensibilisation à l’alimentation durable » à l’instar de celles des cinq fruits et légumes par jour. L’objectif étant « d’expliquer les bienfaits pour la santé et la planète de manger davantage de protéines végétales comme les légumineuses, les fruits à coque et les produits céréaliers complets, et de consommer moins de viande, mais de la viande de qualité produite en France ».

« Accompagner les agriculteurs dans ces transitions »

Ils poursuivent leur tribune en se disant « prêts à accélérer [leurs] efforts pour mettre en avant et offrir des promotions pour les produits les plus favorables à la santé et à l’environnement ». Ils nuancent aussitôt. « Toutefois, la forte pression concurrentielle actuelle et la guerre des prix nous contraignent à nous montrer prudent pour rester rentables. Afin de pouvoir en faire davantage pour aider les Français à mieux consommer, nous avons besoin qu’en concertation avec les acteurs économiques, des règles du jeu communes soient proposées pour favoriser l’engagement de tous les distributeurs dans des démarches de progrès ».

Ils terminent par un mot pour les agriculteurs en demandant que des mesures soient prises pour les « accompagner dans ces transitions », sans pour autant évoquer pleinement le sujet de leur « rémunération satisfaisante » qu’ils pointent au début du texte.

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